mardi 29 septembre 2015

Fils du shéol - Anouar Benmalek

Auteur: Anouar Benmalek
Editions: Calmann-Lévy
Collection: -
Date de Parution: 2015
N° Pages: 409
Lu en: Français

Trois histoires d'amour pour remonter à l'origine du mal...
Trois générations, deux génocides.

Tout commence dans la touffeur ignoble d'un wagon à bestiaux. Le jeune Karl y fait la connaissance d'Helena, son bref et unique amour le temps du voyage. À son arrivée en Pologne, le gamin juif est gazé. Dès lors, depuis un étrange séjour des morts, le Shéol, il est condamné à regarder évoluer les siens et à tenter d'éviter désespérément la catastrophe.
Ainsi retrouve-t-il son père, devenu Sonderkommando. Dans la noirceur de sa condition, ce dernier rêve à sa lumineuse Elisa, la mère de Karl, rencontrée et épousée en Algérie des années auparavant. Poursuivant son effroyable voyage à rebours, Karl croise Ludwig, son grand-père, qui au début du siècle a servi dans l'armée allemande du Sud-Ouest africain. Et le secret que l'aïeul n'a jamais pu raconter de son vivant - sans doute la clé de leur destinée à tous -, son petit-fils finit par l'apprendre depuis sa nouvelle demeure: celui de l'existence d'Hitjiverwe, une jeune femme héréro passionnément aimée, victime avec son peuple d'une barbarie oubliée, terrible avertissement aux générations futures.

Mon avis

Tout d'abord, je tiens à remercier les éditions Calmann-Lévy pour ce roman, sans lesquelles je n'aurai pas pu rédiger la chronique qui suit. Je suis très touchée d'avoir pu recevoir Fils du shéol, qui, soit dit en passant, n'est ni plus ni moins que la première oeuvre qui m'a été gracieusement envoyée en échange d'une chronique. Un moment que je n'oublierai pas de sitôt!

Mais intéressons-nous à présent à ce roman. Je dois dire que la quatrième de couverture m'avait "vendu du rêve", et j'avais hâte de découvrir ces trois histoires d'amour à travers les générations et l'Histoire du début au milieu du XXème siècle.
Malheureusement, je ne ressors pas totalement convaincue de ce livre qui m'a laissée plutôt mitigée. 

D'un côté, la trame en elle-même ainsi que les thèmes abordés par l'auteur ne m'ont pas laissée de marbre, bien au contraire: cette histoire d'amour entre un juif allemand et une femme noire (discriminée au même titre que les juifs le seraient dans quelques décennies à venir...) m'a beaucoup touchée. Ludwig, le grand-père de notre "héros" Karl, est juif. Il ne le sait pas encore, mais la Seconde Guerre mondiale viendra décimer tous les membres de sa famille. Pourtant, lorsqu'on le découvre dans les années 20 en Afrique de l'Ouest, il n'hésite pas à discriminer la population indigène, considérée à l'époque comme une "sous-race". Ce qui ne l'empêche pas de tomber follement amoureux d'Hitjiverwe, une femme noire qui lui fait tourner la tête. Un roman qui met donc en scène deux types de haine raciale, une contre les juifs, l'autre contre les noirs, et qui fait réfléchir.
La perpétuelle confrontation entre l'amour (maternel, passionnel, amical) et la haine (antisémitisme, délation et peur d'être trahi) est un autre aspect très intéressant du roman, car tout au long de la lecture on se demande lequel des deux triomphera (même si l'on connaît tous le sort réservé aux prisonniers des camps de concentration). L'espoir fait vivre comme on dit, et malgré le fait que Karl soit mort, on prie pour que sa famille et lui trouvent malgré tout un moyen d'échapper à leur sordide destin.

Malheureusement, Fils du Shéol m'a laissée dubitative sur de nombreux autres points. D'abord à cause du style de l'auteur, qui, avec son usage constant des <<guillemets>> a un peu fini par m'agacer. Ensuite parce que la crudité de certains passages, notamment celle utilisée lors de la description des camps, a fini par "m'étouffer" dans ma lecture... Bien que la situation vécue par Karl et son père est horrible, je trouve que la violence et le caractère sexuel des mots était parfois utilisé à outrance.
Au niveau de la séparation du récit, j'ai été un peu désorientée au début du récit. On ne suit pas très bien ce qui se passe, les chapitres sont parfois très longs, parfois très courts, ce qui m'a un peu dérangé (bon d'accord, je suis peut-être un peu pointilleuse). 
Bien que Karl soit présenté comme le héros de l'histoire, j'ai eu du mal à m'attacher à lui; on n'arrive pas très bien à le cerner, et puis je l'ai trouvé un peu "trop" mature pour son âge (en voyant une jeune fille dans le train, il ne pense qu'à se toucher le *hum*... un peu de romantisme et d'innocence, par pitié! Ce n'est qu'un enfant!

Bref, vous l'aurez compris, Fils du Shéol n'a pas su conquérir mon coeur, malgré les thématiques fortes et - à mon sens - très importantes qu'il aborde. Néanmoins, je vous invite à le découvrir et à vous forger un avis par vous-même. Qui sait, Karl et le destin de sa famille sauront peut-être vous toucher. En tout cas, je l'espère!

- Bonne lecture à tous! Comme toujours, n'hésitez pas à partager votre ressenti dans les commentaires :) -

2 commentaires:

  1. Arrivée à la moitié du livre, je suis décontenancée. Tellement que je vais chercher des critiques sur le net pour essayer de comprendre ce qui ne va pas. Pourquoi ces personnages ne me touchent-ils pas ? Je ne sais pas mais ce n'est pas le thème (pour me "changer les idées" je viens de finir 'Et tu n'es pas revenu' de Marceline Loridan Ivens). Je ne cherche pas l'attachement à un personnage, mais il faut que cela accroche quand même ! Je vais essayer de persévèrer on verra bien...

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    1. Je vois complètement ce que tu veux dire, j'ai eu la même difficulté à m'attacher aux personnages. Pourtant on devrait logiquement compatir avec Karl et sa famille, mais je n'y suis, comme toi, pas parvenue. Karl n'a d'ailleurs pour moi pas vraiment une âme d'enfant, ce qui m'a gênée tout au long de ma lecture. Bon courage, j'espère que tu arriveras à le terminer! Et si ce n'est pas le cas, tant pis, plein d'autres lectures t'attendent ... :)

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